Mother Russia

Russie – Août 2019 – Année 2020. Bercé depuis l’enfance d’invectives envers la Russie, j’ai décidé de découvrir ce pays qui attire tant les foudres de l’Occident. Ainsi commence un périple d’un mois sur plus de 13000km à travers le plus grand pays du monde. 

Musiques conseillées : Walking On The Moon – The Police / Every Breath You Take – The Police / Stairway to Heaven – Led Zeppelin

Moscou – 15 août 2019, 23h45 – Deuxième Voiture, compartiment 5, siège 18.J’embarque en compagnie d’une Baboushka et son petit fils, qui, par déduction avec les cartes du Kraï de Krasnodar, revenaient de vacances sur la mer noire pour retourner à Khabarobsk. je n’eu que peu de contacts verbaux, faute d’un niveau suffisant en russe. Le plus jeune réussi cependant à me dire son prénom, Timothé. Par delà les mots je ressenti une immense bonté et générosité chez ces gens qui donnèrent tout sans rien avoir. La babushka me donna à manger, une salade bricolée de légumes achetés à des ruraux vendeurs en quais de gare vivant du passage du train. Elle. insista à plusieurs reprises, en retour je lui ai proposé du thé de mon nécessaire de voyage qui trônait sur la table commune. Il fut surprise au regard de la richesse de celui-ci avec 5 types de thé. En Russie seuls le Vert et le noir demeurent. 

Jour 1 : Je prends mes marques dans la voiture. En amont de ma cabine, deux ingénieurs de chez Gazprom en route pour rejoindre leur lieu de travail, un forage à Oulan-Oudé au-delà d’Irkoutsk sur les bords du lac Baikal. Pendant la première nuit en gare de Iekaterinburg un militaire se glisse dans notre cabine pour en être le 4ème locataire. Il se prénomme Max, Spetnaz de 24 ans. 

Jour 2 : le jour s’est levé sur la Taïga. Prochain arrêt Omsk, Max me parle des femmes russes et de leur attirance pour les européens, et tout ça dans un anglais primitif; je ris. Le train ralentit, les abords miniers de la ville se dessinent sous un soleil depuis longtemps devenu blanc. Descendant en gare dans un climat froid et sec d’un été russe je suis en compagnie de Max qui m’indique son départ pour Khabarobsk afin d’aider la population civile en proie aux débordements de l’Amour (le fleuve).

Captivé par ce pays étrange, où les vastes étendues infinies coupent le souffle, où l’on en perd le sentiment de la réalité, où une centaine de kilomètres n’est plus une distance, où les maisons sont si proches les unes des autres qu’elles paraissent effrayées par cette immensité lorsqu’en hiver, les neiges et les cieux se confondent et que le monde se réduit à la vue d’une fenêtre jonchées de motifs givrés. Captivé  par ce pays où les rivières sont puissantes, les forêts  sombres et infranchissables, il semble que le train, perdu dans ces espaces, ne s’arrêtera jamais. Il n’atteindra jamais le terminus, car cette station n’existe pas; il n’y a qu’un chemin vers l’infini.

Tatarstan, Novossibirsk, les villes défilent mais je demeure. Fidèle spectateur à la fenêtre du couloir je laisse défiler sous mes yeux apaisés, silos d’anciens kolkhozes, cheminées industrielles et lieux précaires d’habitation où vivent femmes et hommes du travail de la terre.