Captivé par ce pays étrange, où les vastes étendues infinies coupent le souffle, où l’on en perd le sentiment de la réalité, où une centaine de kilomètres n’est plus une distance, où les maisons sont si proches les unes des autres qu’elles paraissent effrayées par cette immensité lorsqu’en hiver, les neiges et les cieux se confondent et que le monde se réduit à la vue d’une fenêtre jonchées de motifs givrés. Captivé par ce pays où les rivières sont puissantes, les forêts sombres et infranchissables, il semble que le train, perdu dans ces espaces, ne s’arrêtera jamais. Il n’atteindra jamais le terminus, car cette station n’existe pas; il n’y a qu’un chemin vers l’infini.
Tatarstan, Novossibirsk, les villes défilent mais je demeure. Fidèle spectateur à la fenêtre du couloir je laisse défiler sous mes yeux apaisés, silos d’anciens kolkhozes, cheminées industrielles et lieux précaires d’habitation où vivent femmes et hommes du travail de la terre.